jeudi, avril 12, 2007

Bateman returns

Je n'avais que moyennement aimé les précédents romans de Bret Easton Ellis, American Psycho et Glamorama . Le cadre où évoluaient ses héros avait de quoi intéresser, un univers hyperréaliste (énumération continuelle de marques, de noms de pipole) où se dissolvaient peu à peu, comme rongés à l'acide, les repères. Mais finalement j'avais trouvé plus roublarde qu'incisive sa dénonciation des grand maux de la société américaine: la violence physique et morale, le culte de la célébrité et des apparences.

Dans son dernier, Lunar Park , en revanche, que du bon! Ici les thèmes chers à l'auteur sont traités avec une maîtrise et une subtilité qui vont en faire à coup sûr un futur classique de la littérature US.
Dans ce roman, toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé n'est pas fortuite...Il met en scène le double (presque exact) de l'auteur, Bret Easton Ellis, romancier à succès, qui décide de quitter sa vie de défonce pour aller habiter une riche banlieue, auprès de Jayne Dennis, célèbre actrice, et ses deux enfants. Et surtout nouer le contact avec Robby, son fils pré-ado bien perturbé. Mais la reconversion de party animal en soccer dad n'est pas si facile... Des phénomènes mystérieux commencent à frapper sa maison, tandis qu'une série de meurtres se produit dans les environs. Sortis directement des pages d'American Psycho, ils semblent avoir été commis par Patrick Bateman, son héros serial killer/golden boy ...
Difficile d'en dire plus sans vous gâcher le plaisir de la lecture de ce thriller passionnant, halluciné et hyperréaliste, acide et poignant (si, si!), angoissant et drôlatique.
Et pourtant...comme un film de David Lynch, par ses multiples niveaux de lecture, son mystère qui ne se dissipe jamais, ce roman se prête irrésistiblement à l'interprétation.
En tout cas, vous y trouverez le portrait d'une Amérique post 9/11, ses angoisses et ses obsessions sécuritaires; d'impeccables banlieues façon Desperate Housewives, leurs habitants botoxés, leurs rejetons et leurs labradors shootés aux mêmes médocs, leurs 4X4 et leurs secrets; une réflexion sur les liens entre l'auteur et sa création, sur les rapports filiaux, sur l'irrépressible force du fantasme et de l'imagination; des pelouses visqueuses et des e-mails fantômes; des maisons transformistes; des délires paranoïaques et de la nostalgie mais surtout des Furbies démoniaques très très mal lunés.

Mais j'en ai déjà trop dit! Je vous donne donc rendez-vous dans la partie commentaires si vous souhaitez le disséquer.



Lunar Park, Bret Easton Ellis, 2005, Vintage Books, 400 p.


à venir: L'Adversaire, Emmanuel Carrère.

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